Comment l’industrie de défense se prépare à une économie de guerre ?

L’industrie de défense se prépare à une économie de guerre en renforçant sa réactivité, sa résilience et sa capacité de production face à un besoin accru en équipements. Cela passe par la relocalisation stratégique, le développement d’approvisionnements souverains, l’accélération des cycles de production, et une coopération renforcée entre l’État et les industriels pour soutenir un effort de défense massif et soutenable.

L'ambition 2030 © SIMMT/armée de Terre/Défense

Ambition 2030 contribue à la transformation de notre outil industriel pour le préparer à la guerre. Les industriels devront être en mesure d’accroître, sans préavis et durablement leur cadence de production en s’appuyant sur des stocks, des chaînes de production adaptées et une ressource humaine connue.

En cas de déclenchement du scénario le plus dimensionnant du contrat opérationnel, les industriels devront passer d’un fonctionnement répondant à une logique de rentabilité à celui d’une économie de guerre. Ils devront opérer rapidement cette transformation, en réponse à un court préavis.

Une industrie prête à la guerre améliore notre capacité à répondre vite et fort à une menace, renforce notre crédibilité, ce qui contribue à « gagner la guerre avant la guerre ».

Les chantiers majeurs à conduire visent à :

  • Consolider les capacités de maintenance industrielles étatiques
  • Adapter le cadre légal et normatif
  • Mieux connaître les capacités industrielles privées afin de les renforcer et de les mobiliser
  • Adapter les marchés de maintien en condition opérationnelle pour les rendre « bons de guerre »
  • Constituer des stocks pour faire face
  • Renforcer la coordination entre les armées et les acteurs industriels
  • Rénover et renforcer la chaîne logistique

Certaines transformations devront être conduites dès le temps de paix pour consolider un tissu industriel souverain.

Les stocks, facteur clé du succès

Les premiers mois d’un engagement majeur seraient marqués par une forte désorganisation de l’économie mondiale, bouleversant les flux logistiques, raréfiant les matières premières, l’accès aux pièces détachées, et rendant probablement inaccessibles certains territoires à partir desquels se fournissent les industriels.

La constitution de stocks au bon niveau est donc un facteur clé du succès qui détermine l’autonomie des forces armées et le délai donné à l’industrie pour monter en cadence et basculer en économie de guerre.

Au-delà des seuls stocks, la chaîne logistique des armées doit être plus résiliente pour satisfaire aux conditions d’un environnement sécuritaire dégradé.

Dès lors, il s’agit de disposer d’une connaissance fine des flux d’approvisionnement afin  de prévenir toute défaillance, et d’ajuster les responsabilités entre acteurs étatiques et privés.

Ainsi, la constitution d’un stock différencié, selon l’accessibilité et l’origine des rechanges, devient un facteur de performance et de résilience. Les stocks progressivement constitués sont un outil stratégique pour prévenir les ruptures d’approvisionnement, amortir les fluctuations, répondre à des pics de demande imprévisibles comme celle découlant d’un engagement opérationnel majeur.

Des contrats de soutien « bons de guerre » offrant une liberté d’action accrue

Les marchés basés sur un niveau élevé de performance portée par les industriels, fonctionnant selon le principe du flux tendu, et dont le principal inducteur de coût est l’activité, n’offrent plus le niveau de résilience attendu et privent les armées de la liberté d’action dont elles ont besoin.

Tout en positionnant les industriels sur leur domaine d’excellence, les futurs marchés de soutien, dits hybrides, combineront stocks et flux, ils feront appel au multisourcing et privilégieront autant que possible la mise en concurrence pour garantir :

  • la soutenabilité financière ;
  • la résilience permettant de réduire la dépendance à des fournisseurs uniques ;
  • L’endurance par la capacité à absorber les pics d’activité par la constitution de stocks.

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