Qu’est ce que l’École nationale des sous-officiers d’active ?
Aujourd’hui, le sous-officier de l’armée de Terre français est un chef, combattant et technicien. Réputé pour son ingéniosité, son efficacité et son professionnalisme grandissant, le corps des sous-officiers fait l’objet d’une admiration et d’une attention toute particulière de la part des grands chefs. C’est ainsi que le 1er septembre 1963, au lendemain de la guerre d’Algérie, naît à Saint-Maixent l’École, l’École nationale des sous-officiers d’active (ENSOA).
Les origines de l’École nationale des sous-officiers d’active
L’histoire de l’École nationale des sous-officiers d’active
Perpétuant une longue alliance entre la Nation et son Armée à travers l'histoire de la citée de Saint-Maixent-l'Ecole, l’École nationale des sous-officiers d’active s'inscrit dans une tradition héritée des différentes écoles militaires qui s'y sont succédées depuis la création de l'école militaire d'infanterie en 1881.
La nouvelle école est portée sur les fonts baptismaux par une armée de Terre alors en pleine réorganisation. Organisme interarmes sans équivalent dans l'armée de Terre, elle marque ses élèves d'une empreinte commune et leur confère un label de compétences unanimement reconnu.
En 1984, les premiers élèves sous-officiers féminins sont incorporées. Aujourd’hui, les élèves féminins représentent 19 % des sergents formés à l'ENSOA.
Depuis 1998, avec la professionnalisation des armées, l'ENSOA est le seul organisme en charge de la formation initiale des sous-officiers de l'armée de Terre. Elle s'impose donc naturellement comme le creuset de la formation générale des sous-officiers d’active et de réserve.
En 2009, l’ENSOA prend l’appellation de Maison Mère des sous-officiers de l'armée de Terre.
Elle assure ainsi la formation du tiers des effectifs de l'armée de Terre, qui, ayant à cœur de relever les défis de notre Nation, devront demain maîtriser les techniques nouvelles et exercer leurs responsabilités dans un environnement de plus en plus exigeant, éprouvant et déstabilisateur.
Saint-Maixent, ville d'écoles militaires
En s’implantant au cœur de la cité de Saint-Maixent, l’ENSOA perpétue une longue tradition qui lie la ville à l’armée depuis le Moyen-Âge. De la garnison du château médiéval (1224) jusqu’à nos jours, celle-ci a en effet accueilli en son sein de nombreuses écoles, ainsi que le régiment des Deux-Sèvres : le 114e Régiment d’Infanterie.
L’image de l’ENSOA a longtemps été associée à celle du 114e Régiment d’Infanterie, créé le 3 août 1808 par l’Empereur Napoléon 1er et positionné à Saint-Maixent à partir de 1878. Il sera par la suite de tous les combats des deux guerres mondiales. Dissout puis recréé à plusieurs reprises, il est finalement dédié au soutien de l’ENSOA avant de définitivement fermer ses portes en 1994. Ses missions de soutien de l’école ainsi que ses traditions sont alors confiées au groupement de soutien de l’ENSOA, qui deviendra par la suite la compagnie de commandement et de logistique. Le soutien de l’école est aujourd’hui assuré par la Base de Défense de « Poitiers - Saint-Maixent ».
Le vieux château de Saint-Maixent est rasé en 1881 pour laisser place à de nouveaux bâtiments abritant l’Ecole Militaire d’Infanterie (EMI). On y forme les élèves officiers issus du recrutement interne admis par concours afin de leur enseigner la manœuvre d’infanterie, l’usage des bouches à feu (canons), le tir, la topographie, l’équitation et la télégraphie. L’école devient « le creuset d’où sortent brillants, joyeux, pimpants et quelques peu raseurs la moitié de la phalange d’officiers dont le dévouement et l’abnégation, la bravoure et l’entrain ne sont plus à citer » (C. des Ecorres, ancien élève, Saint-Maixent, souvenirs d’école militaire), preuve en est pendant la Première Guerre mondiale.
Les élèves de la 34e promotion partent au front, il ne reste sur site qu’un centre d’instruction des élèves-aspirants (CIEA). En 1918, 2 576 anciens élèves de l’EMI, 3 937 officiers et hommes de troupe du 114e RI et 165 enfants de Saint-Maixent, sont morts sur les champs de bataille.
Sergent en 1909 au 33e RI, Saint-Cyrien (1909-1912), le capitaine Charles de Gaulle effectue un stage au Centre d’Instruction des Cadres en 1919, parmi 3 200 officiers subalternes dont deux tiers avaient été fait prisonnier en 1914.
En 1922, le Président de la République Millerand attribue la croix de chevalier de la légion d’honneur au drapeau de l’EMI.
Par décret du 23 octobre 1925, l’Ecole Militaire d’Infanterie devient l’Ecole Militaire de l’Infanterie et des Chars de Combat (EMICC). Un an plus tard, la ville de Saint-Maixent souligne de manière pérenne son lien avec l’institution militaire en ajoutant le substantif de l’"Ecole" à son nom.
Sous l’impulsion du Général de brigade Michelin, ancien élève de l’EMI, commandant l’EMICC (1931-1935), un Musée du Souvenir est créé le 27 juillet 1931. Ce musée prend l’appellation de Musée du Sous-Officier en 1986.
En 1933, Georges Pompidou, futur Président de la République, effectue une formation d’élève officier de réserve à l’EMICC.
3 septembre 1939, c’est la mobilisation. Comme en 1914, les élèves des promotions « Empire Français » et « Maginot » rejoignent leurs unités. Seul le bataillon des élèves officiers de réserve continue l’instruction à Saint-Maixent-l’Ecole. C’est lui, cependant, qui écrit la plus belle page d’histoire de l’école en participant à la défense de la Loire avec les Cadets de Saumur.
Saint-Maixent-l’Ecole connaît alors des jours sombres. Les troupes allemandes occupent la ville. L’Ecole Militaire d’Infanterie est transférée en juillet 1940 en zone libre, à Aix-en Provence, avec l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Elle y restera jusqu’en novembre 1942.
Après la Libération, l’école n’accueille plus les sous-officiers se préparant à l’Epaulette mais le drapeau de l’Ecole Militaire de l’Infanterie et des Chars de Combat continue à flotter. Viennent alors à Saint-Maixent-l’Ecole les officiers et sous-officiers issus des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.), afin d’assurer leur perfectionnement tactique et technique. Cette école, l’Ecole des Cadres d’Infanterie, laisse place l’année suivante à l’Ecole des Cadres de Saint-Maixent commandée par le commandant Gambiez et créée par le maréchal de Lattre de Tassigny.
Rapidement, près de 2000 élèves de toutes armes et de tous grades y passent chaque année. D’importants travaux sont alors réalisés pour rénover et agrandir les infrastructures. Le nom de l’école change encore, en 1948, pour devenir l’Ecole des Sous-Officiers ; elle forme alors les sous-officiers à l’instruction du contingent et les prépare au concours du recrutement semi- direct des officiers.
L’Ecole d’Application de l’Infanterie (EAI), précédemment basée à Coëtquidan, revient sur ses terres historiques le 1er octobre 1951 pour constituer la division d’application de l’infanterie, qui forme tant les sous-officiers que les officiers.
Elle verra se succéder 21 promotions en ses murs avant de quitter les Deux-Sèvres pour Montpellier (1967), après voir cohabité 4 ans à Saint-Maixent-l’Ecole avec l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active (ENSOA), créée le 1erseptembre 1963.
Le monument aux morts du quartier Marchand.
En savoir plusLa vocation militaire de Saint-Maixent en quelques dates
1963 : la création de l'ENSOA
Sous l’impulsion du chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Le Pulloch, le ministre des armées Pierre Messmer décide, le 1er septembre 1963, de créer l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active. Le général donne pour mission à la nouvelle école de « marquer les sous-officiers d’une empreinte commune ».
Alors qu’autrefois les sous-officiers étaient formés directement par les écoles militaires selon l’arme d’appartenance, les meilleurs seront maintenant forgés après leur formation en école d’arme dans le creuset unique que devient l’ENSOA.
Poussée par une telle volonté, l’école relève le défi de passer en quelques années de 500 élèves à près de 2500 élèves par an. Les régiments mettent leurs meilleurs officiers et sous- officiers à la disposition de son premier commandant, le lieutenant-colonel Laurier, afin que la première promotion, baptisée « Promotion du Drapeau », soit formée le 4 novembre 1963 à la hauteur des ambitions affichées.
Organisme interarmes sans équivalent dans l’armée de Terre d’alors, l’ENSOA confère à ses élèves un label de compétences unanimement reconnu.
La marche du jeune chef de l'ENSOA
La marche du jeune chef est la marche des sous-officiers d'active.
En savoir plusAu début des années 70, trois promotions, décalées de deux mois, cohabitent en permanence au Quartier Coiffé. Lorsque l’une d’elle a terminé sa formation et part en école d’arme, une autre arrive des centres d’instruction. Tous les deux mois une cérémonie rassemble l’école afin de remettre ses galons à l’aînée des promotions, donner un nom de baptême à la cadette et présenter au drapeau la benjamine.
L’ENSOA s’implique au fil des années dans le perfectionnement des sous-officiers à travers le Certificat Militaire de Second degré (CM2), délivré après plusieurs années de service. Le premier stage a lieu en 1972 et accueille, pour quatre semaines, cent soixante sous-officiers issus pour la plupart des premières promotions de l’école. Mais le 7 septembre 1974, faute de renforcement de l’encadrement, le bataillon de perfectionnement ferme ses portes après avoir conduit 16 stages et attribué le CM2 à presque 3000 sous-officiers. Sa mission est alors confiée à l’école de Fréjus. Un 4e bataillon peut alors être activé.
En 1974, après d’importantes réformes, le 1er bataillon incorpore la première promotion d’élèves issus directement du civil. L’ENSOA est en charge de leur formation initiale et ils partent en école d’arme à l’issue de celle-ci, à l’inverse de leurs anciens. L’effectif de chaque promotion varie alors entre 360 et 380 élèves, saturant ainsi les moyens d’instruction.
Le général Boone, commandant l’école, conduit la réorganisation avec optimisme et résolution « si l’école déborde d’élèves, ses cadres débordent de courage et de foi ! ».
C’est en octobre 1978 que les sous-officiers candidats au Certificat Militaire de 2nd degré retrouvent les chemins de Saint-Maixent-l’Ecole et ce jusqu’en 1996.
Le 8 mai 1980, le Président de la République Valéry Giscard d’Estaing préside le Centenaire de la présence militaire à Saint-Maixent-l’Ecole.
En 1984, l’ENSOA incorpore ses premiers élèves sous-officiers féminins, qui représentent aujourd’hui 18% des sergents et maréchaux-des-logis formés à l’ENSOA.
Avec la professionnalisation et la fermeture de l’Ecole Nationale Technique des Sous- Officiers d’Active d’Issoire-Tulle (ENTSOA), l’ENSOA reste seule en charge de la formation initiale des futurs sergents et maréchaux-des-logis de l’armée de Terre et s’impose naturellement comme point central de la formation générale des sous-officiers à partir de 1998.
A l’occasion du 150e anniversaire de la création de la Médaille Militaire, le 5 février 2002, le Président de la République Jacques Chirac remet au drapeau de l’ENSOA cette décoration et s’exprime en ces termes : « Vous détenez avec vos officiers et avec vos soldats une part de la grandeur de la France ».
Depuis juillet 2005, l’école assure la formation initiale des sous-officiers de réserve. Cette même année, l’ENSOA renoue avec la tradition en accueillant de nouveau les sous-officiers d’active pour leur stage de perfectionnement, appelé « Formation Générale de 2nd degré ». Elle assure en outre à partir de 2009 la formation de perfectionnement des réservistes. A ce titre, et au sens littéral du terme, l’ENSOA devient bel et bien la Maison Mère de tous les sous-officiers de l’armée de Terre.
Fière de sa devise « S’élever par l’effort », l’ENSOA demeure très attachée à l’héritage légué par tous ceux qui ont été formés dans ses rangs. Nombreux sont ces sous-officiers, dont plusieurs ont accédé à l’Epaulette, qui ont fait don de leur vie ou qui ont été meurtris dans leur chair pour le succès des armes de la France. A ces noms prestigieux, il convient d’ajouter ceux des anciens élèves de l’école d’Issoire, dont l’ENSOA a repris les traditions et qui ont eux aussi fait don de leur vie à la France.
L’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active qui s’honore d’avoir déjà formé et perfectionné plus de 125 000 sergents et maréchaux-des-logis depuis sa création, demeure plus que jamais la référence pour le corps des sous-officiers.
Le quartier Canclaux
Le nom de Canclaux fut donné en 1886 à l’ancienne abbaye, que l’on appelait alors « Caserne des Bénédictins ». Le simple nom du Quartier Canclaux évoque un grand nombre de souvenirs chez la plupart des sous-officiers de l’armée de Terre. Cette ancienne abbaye avec son beau cloître, ses couloirs d’un autre temps et sa piscine datant de 1930 dans laquelle plusieurs milliers de futurs sous- officiers ont appris à nager, hébergeait depuis 1963 des compagnies d’élèves et stagiaires de l’ENSOA. Depuis 2009, l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active avait recentré ses activités sur son site de formation principal, le Quartier Coiffé. En 2011, elle s’est définitivement séparée de ce lieu de formation mythique. Après une dernière descente des couleurs dans les jardins du cloître, l’ENSOA a confié l’avenir de Canclaux à la mairie de Saint-Maixent-l’Ecole, qui a pris la décision de transformer les lieux en médiathèque.
De 1963 à 2013, l’école a porté deux insignes. Puis de façon occasionnelle et événementielle, l'ENSOA décline son insigne pour accompagner les moments forts tels que les 60 ans de l'École ou le départ de la flamme olympique qui a eu lieu le 2 juin 2024 au quartier Coiffé dans le cadre des JO 2024.
En savoir plusDurant ces soixante années, l'École n'a cessé de s'ouvrir à la société civile, avec laquelle elle entretient des liens étroits. Elle a ainsi multiplié les partenariats avec des grandes écoles et s'impose en précurseur dans l'éducation des Cadets de la Défense.
Fière de sa devise « S'élever par l'effort », l'ENSOA demeure très attachée à l'héritage légué par ceux qui sont passés dans ses rangs. Nombreux sont ces sous-officiers, qui ont accédé au corps des officiers. Beaucoup ont fait don de leur vie ou ont été meurtris dans leur chair pour le succès des armes de la France, tel le sergent-chef CORTADELLAS, premier parrain de promotion ancien élève de l’ENSOA, ou encore l’adjudant-chef GUENIAT et bien d’autres.
L'École puise dans leur mémoire les vertus exemplaires qu'elle enseigne aux jeunes sous-officiers. Il en est ainsi de plusieurs de ces héros tombés au champ d'honneur dans les conflits les plus récents au Liban, en Ex-Yougoslavie, en Afghanistan ou en Afrique. Ces sous-officiers s’inscrivent dans la prestigieuse cohorte de ceux qui ont donné leur vie au service de la France.
Le 5 février 2002, le drapeau de l'École s'est vu conférer la Médaille militaire, prestigieuse décoration, des mains du Président de la République française, monsieur Jacques CHIRAC, rendant ainsi hommage à l'ensemble des sous-officiers de l'armée de Terre.
En 2015, en réaction à la vague d’attentats qui frappe la France, un cinquième bataillon est créé. S’inscrivant résolument dans la modernité, l’ENSOA se dote de supports numériques et de nouveaux matériels qui équipent les régiments. L'École nationale des sous-officiers d'active, qui s'honore d'avoir déjà formé et perfectionné plus de 150 000 sous-officiers depuis sa création, demeure plus que jamais la référence pour le corps des sous-officiers.
Forte aujourd'hui de ses cinq bataillons d'élèves et de son groupement de perfectionnement, elle poursuit avec détermination, volontarisme et enthousiasme cette mission essentielle qui lui fut confiée il y a 60 ans au service de la France et de l'excellence de son armée de Terre.
L'école en chiffres
En 6 décennies
150000
Sous-officiers de formés
bilan annuel
6550
Sous-officiers formés
Montée en puissance
7500
Les objectifs annuel

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