L'entraînement au combat interarmes

Le Centre d’entraînement au combat - 1er bataillon de chasseurs à pied (CENTAC - 1er BCP) a pour mission d’entraîner et de contrôler les unités de l’armée de terre au combat interarmes de haute intensité.

L’objectif est de permettre aux unités d’atteindre un niveau opérationnel adapté. Cet entraînement s’effectue au cours de mises en situation tactiques réalisées durant des exercices appelés « rotation » tout au long de l’année sur le terrain militaire de Mailly-le-Camp et en terrain civil.

Reconnaissance d'axe sous la surveilance d'un contrôleur en Land Rover © CENTAC-1BCP

Un sous-groupement tactique reconnait un axe.

En tête, un VBCI suivi de près par une Land Rover, véhicule utilisé par les contrôleurs du CENTAC - 1er BCP

Le combat interarmes en zone ouverte

ADN du CENTAC - 1er BCP, cette modalité d’engagement opérationnel terrestre constitue un facteur de supériorité tactique certain. Combinant dans le cadre espace-temps de la mission à remplir l’audace de la cavalerie, la détermination de l’infanterie, la précision du génie et la puissance de l’artillerie, le chef tactique décuple ainsi les effets de chacun pour prendre l’ascendant sur l’ennemi.

La force du CENTAC est ainsi de proposer un cadre d’entraînement suffisamment réaliste et complexe pour permettre à chaque détachement d’exprimer ses talents. Il est organisé pour intégrer d’autres éléments concourant directement au combat aéroterrestre, comme les sous-groupements de l’ALAT (hélicoptères), de la logistique, les détachements de lutte nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC) et de guerre électronique.

Par ailleurs, il organise régulièrement des exercices dont la cible d’entraînement est le poste de commandement du régiment : il travaille alors en tandem avec le centre d’entraînement et de contrôle des postes de commandement (CECPC - 3e RA), également implanté à Mailly-le-Camp.

Une singularité

La singularité du CENTAC repose sur plusieurs éléments complémentaires :

- Un format RH ramassé et homogène centré sur un vivier d’officiers et de sous-officiers experts du combat interarmes, aptes à conseiller de manière pertinente les chefs tactiques entraînés ;

- Un système de simulation instrumentée, reposant sur un outil informatique éprouvé. Ce système permet de collecter les données des simulateurs équipant le personnel et les engins sur le terrain et de fournir au CENTAC une vision en temps réel de la situation tactique ;

- Une force adverse (FORAD) à parité, c’est-à-dire composée d’unités ennemies possédant des équipements aussi modernes que les unités entraînées. En outre, cette FORAD agit autant que possible en double action, de manière libre, ce qui permet de restituer une partie de la dialectique des volontés caractéristique d’un champ de bataille. Cette FORAD est fournie par le 5e régiment de dragons, régiment partenaire stationné à Mailly-le-Camp ;

- La capacité à proposer un accompagnement pédagogique en parallèle de la mission de contrôle. L’objectif ultime du CENTAC est d’augmenter la performance individuelle et collective des unités opérationnelles qui viennent s’y entraîner ;

- Une exploitation complète des résultats de l’unité qui permet une radiographie en profondeur de ses forces et de ses faiblesses. Dans le cadre de sa mission de contrôle, le CENTAC attribue une note à l’unité passée en rotation, selon les barèmes établis par le commandement des forces terrestres (CFT).

La recherche du réalisme

Le CENTAC - 1er BCP recherche en permanence à restituer le réalisme d’une confrontation armée à parité. Il s'agit de reproduire et de combiner toutes les formes d'agressions possibles d’un ennemi disposant de moyens cinétiques modernes (capacités de détection et d’agression similaires à ceux des régiments français).

Les scenarii tactiques mettent ainsi en action un ennemi d’exercice disposant de blindés modernes (type T90), de drones de surveillance, d’artillerie du champ de bataille, mais également de frappes chimiques et de guerre électronique. Outre l’élaboration du scénario, le CENTAC utilise des outils particuliers pour augmenter le réalisme (canons à son, fumigènes, munitions à blanc, etc.).

La méthode consiste à créer un environnement d’exercice suffisamment réaliste pour que les chefs tactiques et leurs unités puisent dans leurs ressources et s’entraînent à la prise de décision dans l’incertitude, c’est-à-dire dans l’urgence et sans posséder tous les paramètres permettant de maîtriser les conséquences.

L’effet bénéfique de cette gymnastique intellectuelle est l’affûtage des mécanismes de prise de décision tactiques des chefs, lequel peut être réinvesti dans n’importe quelle mission. L’expérience des cadres chevronnés du CENTAC permet de doser le curseur de cette mise en déséquilibre, pour éviter la mise en échec et permettre le progrès pédagogique quel que soit le niveau de départ de l’unité.

Effet majeur : la rotation

La période d’entraînement et de contrôle au CENTAC - 1er BCP (nommée « rotation ») dure deux ou trois semaines. Elle comporte systématiquement une première semaine de montée en puissance (préparation matérielle et tactique, entrainement terrain) puis une ou deux semaines d’exercice dirigé à partir du centre opérations.

Les rotations permettent d’intégrer des capacités rares ou particulières dans l’exercice, comme un sous-groupement aéromobile (SGAM), des moyens spécialisés du domaine NRBC ou des unités de reconnaissance. Chaque rotation au CENTAC engage entre 400 et 900 personnels militaires (unités entraînées, FORAD et cadres du CENTAC compris). La capacité du Centre lui permet d’entraîner jusqu’à 45 sous-groupements tactiques interarmes (SGTIA) par an.

  • La semaine de préparation

La première semaine est constituée d’une préparation matérielle en zone d’équipement et de déséquipement (ZED), d’une préparation tactique auprès des analystes et observateurs arbitres conseillers (OAC) via l’outil de préparation opérationnelle des sous-groupements tactiques interarmes (OPOSIA) et entraînement terrain.

  • La semaine d'exercice

Chaque semaine d’exercice est centrée sur une séquence d’entraînement de 96 heures ininterrompues accompagnée de conseils et d’une exploitation pédagogique approfondie permanente délivrée par les OAC et analystes lors des analyses après action (3A) en fin de journée. Dans le cadre d’un système central, chaque tir de combat est alors simulé, reproduisant les tirs directs et leurs effets, sur les soldats et sur le matériel, selon le niveau de protection balistique : blessé léger, grave ou tué, véhicule partiellement détruit, etc.

Une complémentarité

Le CENTAC - 1er BCP accompagne la transformation SCORPION de l’armée de Terre depuis 2018. En appui de la force d’expertise du combat scorpion (FECS), de la DGA et de la STAT, le CENTAC appuie les expérimentations SCORPION sur son terrain de manoeuvre. En partenariat avec la FECS, le CENTAC réalise des rotations spécifiques. Tous les cadres du CENTAC impliqués dans l’entraînement des unités sont formés à l’utilisation du système d’information de nouvelle génération SICS et aux principes de doctrine intégrant les apports techniques de SCORPION. En outre, le centre opérationnel du CENTAC utilise au quotidien le système SICS. Il en résulte que le CENTAC apporte une vision précieuse sur l’utilisation de ce nouveau système d’information de combat en tant qu’outil de commandement tactique.

Outre sa mission principale, le Centre est un acteur de l’entraînement des JTAC (joint terminal attack controllers) de l’armée de Terre. À ce titre, il possède du personnel qualifié pour organiser et conduire des exercices d’appui aérien rapproché (CAS) tout au long de l’année et deux fois par an lors d’un exercice d’ampleur (RED WINGS) avec l’armée néerlandaise. Pour contribuer à la montée en puissance de la capacité drone de l’armée de Terre, le CENTAC organise depuis 2019 un challenge tactique annuel destiné aux télépilotes nano et micro drones (DRONEX) des régiments des forces.

Depuis 2021, l’offre d’entraînement du CENTAC s’est élargie avec l’apparition de rotations à trois semaines (R3S), menées conjointement avec le CECPC - 3e RA qui réalise le contrôle des états-majors tactiques de régiments pendant une séquence de 96 heures sur le terrain. Lors de cette séquence, le CENTAC accompagne les SGTIA pour une phase d’entraînement appréciée avant d’aborder, en troisième et dernière semaine, la phase de contrôle classique des SGTIA menée par le CENTAC.

Et pour l'avenir ?

Le CENTAC - 1er BCP valorise l’espace de manoeuvre dont il est responsable. En partenariat avec le conservatoire d'espaces naturels de Champagne-Ardennes et le fonds d’investissement pour l’environnement (FIE), le Centre innove en valorisant les environnements propices au développement de la faune et de la flore. Le but est d’intégrer la biodiversité au plus près des troupes de passage et d’inclure le personnel du Bataillon dans ces projets de développement.

Le CENTAC développe une feuille de route pluriannuelle d’évolution des infrastructures de préparation opérationnelle du camp afin de modeler l’espace de manoeuvre de manière toujours plus réaliste, notamment par la construction de fermes et d’un poste de commandement souterrain destiné aux PC. Le Centre construit également des scenarii d’exercices permettant de proposer aux unités des cadres de manoeuvre en terrain civil jusqu’à 40km de profondeur par la constitution de dossier et l’établissement de conventions avec les municipalités.

Une nouvelle ère va bientôt s’ouvrir avec le déploiement du système de simulation instrumentée CERBERE (centres d’entraînement représentatifs des espaces de bataille et de restitution des engagements) à partir de 2025, en remplacement de CENTAURE (centre d'entrainement au combat et de restitution des engagements). Fruit d’un développement de plusieurs années, déjà partiellement déployé au CENZUB - 94e RI de Sissonne, le système CERBERE va apporter la capacité à contrôler davantage d’unités sur le terrain. Les travaux de transition entre les deux systèmes ont débuté à l’été 2022.

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