Entretien avec Aldo Zanga
Docteur en psychologie – Ancien enseignant à l’Université Paris 8 – Ancien psychologue scolaire – Ancien normalien.

Comment votre parcours vous a-t-il conduit à rejoindre l’armée de Terre, en tant que réserviste citoyen, après votre carrière dans l’Éducation nationale ?

Lorsque j’ai été appelé sous les drapeaux, j’ai dû choisir entre une formation d’Elève officier de réserve (EOR) à l’issue de l’école militaire de l’Arme Blindée ou deux années en coopération militaire en Afrique Équatoriale. J’ai choisi l’aventure africaine. Ce choix, bien qu’enrichissant, laissait en moi comme un rendez-vous manqué avec l’armée. Des années plus tard, à la retraite, j’ai souhaité réparer cela. Je me suis tourné vers l’Institution militaire, avec le désir de m’engager à nouveau — cette fois, dans un cadre de transmission et de solidarité, en lien avec les jeunes générations.

Quels ont été vos premiers engagements concrets dans ce cadre ?

Au CIRFA de Nice, j’ai été chargé de promouvoir les carrières militaires auprès des jeunes, mais au-delà du recrutement, il s’agissait de créer des ponts entre les mondes civil et militaire. Ce lien armée-Nation repose sur un esprit de solidarité : entre générations, entre institutions, entre parcours de vie. J’ai travaillé à ce que les structures d’orientation gardent à l’esprit cette mission de service commun, en valorisant l’armée comme acteur de l’insertion et de la cohésion sociale.

Votre départ pour Perpignan a-t-il prolongé cette dynamique ?

Oui, pleinement. Accueilli par l’adjudant-chef Sanchez, j’ai retrouvé ce climat d’entraide et de collaboration. Ma mission a d’abord consisté à réactiver le dialogue avec les établissements scolaires. Dans cette région, j’ai perçu une attente forte : celle de proposer aux jeunes des perspectives concrètes, un cadre structurant, porteur de valeurs. C’est là que l’armée, par sa culture de l’engagement collectif, peut jouer un rôle majeur.

Vous avez organisé un forum "armée-école" à l’Université de Perpignan. Quel était l’enjeu ?

Ce forum s’inscrivait dans une démarche de coopération durable entre l’université et l’armée. Avec l’aide de Madame Mariotti, directrice de l’événementiel, nous avons mis en place un cadre d’échange qui valorisait la présence militaire comme ressource et partenaire. Là encore, l’esprit de solidarité fut déterminant : l’accueil des étudiants, la coordination des équipes, la mise à disposition des moyens — chacun a contribué à la réussite collective de l’événement.

Quels effets concrets ont découlé de ces actions ?

Ces efforts conjoints nous ont permis d’atteindre une honorable troisième place nationale en matière de recrutements. Mais au-delà des chiffres, c’est l’esprit de cohésion, de responsabilité partagée et d’appartenance à un projet commun qui m’a marqué. Nous avons montré que l’armée n’est pas seulement une voie professionnelle : c’est aussi un espace de solidarité, d’épanouissement, de dépassement de soi.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette expérience ?

Je la considère comme une forme de continuité de ma vocation éducative. L’engagement militaire, dans ce contexte, fut un levier pour favoriser l’égalité des chances, l’accès à l’emploi, et la reconstruction d’un lien social parfois fragilisé. Servir l’armée, c’est aussi servir la société.