Cette année, c’est le grand reporter Didier François qui nous fait l’honneur de parrainer l’opération Avec Nos Blessés. Blessé par balles à Gaza, prisonnier de Daech, découvrez le parcours de cet homme engagé, véritable modèle de résilience.
Didier François est journaliste, grand reporter français connu pour sa couverture de nombreux conflits depuis le milieu des années 1980. Il a commencé sa carrière au Matin de Paris en 1985, avant de rejoindre Libération, où il a exercé pendant près de 20 ans en tant que spécialiste des zones de guerre. Il a ensuite poursuivi son travail de terrain pendant 15 ans pour Europe 1, et plus récemment pour LCI, en tant que consultant sur les questions de défense et de sécurité. Il rejoindra BFMTV à la rentrée prochaine.
Son parcours l’a mené sur presque tous les théâtres d’affrontements majeurs au cours de ces quatre dernières décennies : Afrique du Sud à la fin de l’Apartheid, conflits dans les Balkans, en Tchétchénie, au Proche-Orient, opérations militaires en Afghanistan, au Liban, au Mali, en Irak et en Syrie ou encore récemment en Ukraine. Il est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes français du journalisme de guerre.
Blessé par balle à Gaza : une longue rééducation fonctionnelle
Gravement blessé par balle au cours des affrontements inter palestiniens dans la bande de Gaza, le 17 décembre 2006, Didier François subit quatre opérations chirurgicales lourdes qui permettront de lui sauver la jambe.
Pris en charge pendant six mois à l’Hôpital d’instruction des Armées Percy, il y côtoie de jeunes soldats de l’armée de Terre française blessés en opération dont il partage le combat quotidien pour la réhabilitation fonctionnelle au cours de longues séances de rééducation, assurées par les soignants du service de santé des Armées dont il a toujours loué le professionnalisme et le dévouement.
Cette expérience le convainc de l’importance de la patience, de la volonté et du mental pour surmonter les handicaps de la blessure physique.
Prisonnier de Daech : une captivité brutale
Le 6 juin 2013, alors qu’il enquête sur l’utilisation d’armes chimiques contre les populations civiles dans la région d’Alep, en Syrie, Didier François est enlevé par l’État islamique. Commence alors pour lui une captivité de 10 mois et 13 jours dans des conditions particulièrement brutales et éprouvantes, aux côtés du photographe Édouard Elias et avec d’autres otages occidentaux, dont James Foley, Steven Sotloff, Peter Kassig, David Haines ou Allan Henning, qui seront décapités ultérieurement.
Pendant sa détention, il subit des actes de torture, des simulacres d’exécution, des pressions psychologiques, des violences et des privations permanentes de la part de ses geôliers parmi lesquels il identifie des terroristes qui participeront aux attentats de Paris le 13 novembre 2015 et de Bruxelles le 22 mars 2016.
Depuis sa libération, le 19 avril 2014, son attitude démontre qu’il est possible de surmonter les pires épreuves sans céder à la terreur. Sans état d’âme, il coopère à la lutte engagée par nos démocraties contre la menace islamiste. Dans ses différents témoignages, il explique que l’attachement à la Nation et à son histoire, fondement de son engagement citoyen, s’est révélé être un puissant levier pour résister à la violence et au chantage. Membre fondateur de SOS Racisme dans les années 1980, il reste fidèle à des valeurs d’humanisme et de courage.
Un engagement toujours actif
Après sa détention Didier François a repris ses activités journalistiques, accompagnant sur le terrain les unités de la coalition internationale, dont les unités de l’armée de Terre française, engagées dans la lutte contre le djihadisme au Levant ou au Sahel.
En parallèle, il participe bénévolement à de nombreuses séances de formation ou de sensibilisation aux risques spécifiques des zones de guerre, et particulièrement aux risques de blessure ou de capture, pour tous les professionnels qui pourraient y être confrontés, qu’ils soient civils ou militaires, les journalistes, les humanitaires et les soldats se trouvant souvent soumis aux mêmes dangers et au même niveau de stress face à des situations de violence extrême.
Se préparer mentalement autant que physiquement
Dans un contexte de guerre, la mutilation ou la captivité sont des épreuves autant physiques que psychologiques, pouvant entraîner des traumatismes de ces deux natures.
Didier François parle avec justesse de l’après, de la reconstruction mentale, de la nécessité de briser le silence autour de la souffrance psychologique, ce qu’on appelle la blessure invisible, souvent assimilé au trouble de stress post-traumatique (TSPT). Il milite pour une meilleure reconnaissance de ces blessures et pour le soutien aux personnes affectées.
Mais il met également en garde sur la tentation, qui existe parfois, d’enfermer un blessé dans le statut de victime. Et s’appuyant sur son expérience, il plaide en faveur d’une prise compte des risques psychiques dès la formation, comme on s’entraine, en amont, pour mieux réagir aux traumatismes physiques. C’est ce qu’il met en œuvre aujourd’hui au sein d’un collectif intergénérationnel de reporters de guerre qui vise à aider les jeunes journalistes à débuter dans le métier, acceptant le risque professionnel tout en cherchant à en abaisser le niveau.