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Lieutenant-colonel

Dieulangard

Chef de corps


Mots du chef de corps

Officiers, sous-officiers caporaux-chefs, caporaux, clairons et légionnaires du groupement de recrutement de la Légion étrangère,

Ce soir, partout dans le monde, les légionnaires s'attardent pour veiller ensemble et se souvenir de leurs ainés qui se sont battus il y a 162 ans, loin d'ici, au milieu de nulle part, écrivant avec leur sueur et leur sang l'une des plus belles pages de gloire de l'armée Française.

Depuis 1936 nous apprend le général commandant la Légion étrangère dans son éditorial de Képi Blanc, la Légion a pris l'habitude de commémorer ce combat fondateur récité une première fois à l'initiative du lieutenant François, en Indochine, devant ses légionnaires, alors que le drapeau du 1 er Étranger allait se voir décerner la Légion d'Honneur.

Cela fait donc près d'un siècle, année après année, que ce rite est transmis de génération en génération, transformant l'anniversaire de cette bataille héroïque en véritable culte qui fait résonner le caractère sacré de la mission. En écoutant le récit du combat, nous renouvelons le même serment, nous actualisons notre choix de servir la France par les armes avec Honneur et Fidélité, nous nous rappelons que nous avons librement choisi de suivre cette voie chevaleresque, qui peut demain nous amener à imiter nos anciens et à le faire au péril et au prix de notre vie.

Alors prenons bien le temps de commémorer cette bataille, non pas pour contempler un événement qui appartient à un passé révolu, mais pour y puiser la force et la foi pour accomplir les missions qui sont les nôtres. Ce soir, faisons-le pour nous, sans témoin. Prenons du temps pour nous. Prenons du temps pour renforcer notre vieille fraternité. Prenons du temps pour nous manifester cette solidarité étroite qui doit unir les membres d'une même famille. Prenons du temps pour penser à nos anciens. Prenons du temps pour nous réjouir des bonnes choses qui arrivent. Prenons aussi du temps pour entourer ceux qui sont dans l'épreuve.

Demain, ravivant la Flamme à l'Arc de Triomphe avec l'Amicale des Anciens de la Légion étrangère de Paris, nous dirons publiquement notre attachement indéfectible à nos anciens tombés pour la Légion. Nous nous rappellerons que la Flamme allumée le 11 novembre 1923 est ravivée tous les soirs pour célébrer leur mémoire. Et nous réciterons dans nos cœurs ces magnifiques vers de Pascal Bonneti que je veux vous relire ce soir.

Le monde entier disait : la France est en danger

Les barbares demain, camperont dans ses plaines

Alors, cet homme que nous nommions "l'étranger"

Issus des monts latins ou des rives hellènes

Ou des bords d'outre-mers, s'étant pris à songer

Au sort qui menaçait les libertés humaines

Vint à nous, et s'offrant d'un cœur libre et léger

Dans nos rangs s'élança sur les hordes germaines

 

Quatre ans, il a peiné, lutté, saigné, souffert !

Et puis un soir, il est tombé, dans cet enfer.

Qui sait si l'inconnu qui dort sous l'arche immense

Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé n'est pas cet étranger devenu fils de France

Non par le sang reçu mais par le sang versé.

Après demain, nous partagerons tout cela avec les autorités, les invités, le public et les familles qui viendront nombreux assister à la Prise d'armes et à la kermesse. Que viennent-t-ils donc chercher ?

Je dirai l'excellence, le sens et l'élan, que je vous remercie d'incarner dans l'exécution de vos missions.

L'excellence d'une prise d'Armes millimétrée ou chaque mot, chaque geste illustrent de manière martiale et rigoureuse l'excellence opérationnelle de la Légion étrangère, et plus précisément celle du GRLE dans toutes les missions conduites à travers la France métropolitaine et ultramarine.

Le sens dans un monde qui a perdu sa boussole, donné par des hommes droits dans leurs bottes, fiers de ce qu'ils sont et de ce qu'ils représentent. La Légion impressionne toujours. Elle fait peur parfois : tant mieux. En fait elle est aimée et jalousée et nous savons bien pourquoi. Je vous demande donc d'accueillir nos hôtes avec beaucoup d'attention et d'intérêt.

L'élan enfin, en tout cas celui que je vous ai demandé de donner dans toutes les activités que nous menons. Pour la jeunesse. Pour la cohésion nationale. Pour le recrutement. Nombreux sont les curieux qui viennent voir à quoi tout cela ressemble. Dans ce cadre, gardons bien mon mot d'ordre, qui reste inchangé d'avancer au large — duc in altum —pour conquérir le cœur des candidats étrangers et français dont la Légion a besoin, mais aussi pour porter haut ses couleurs et ses vertus.

Pour terminer, je pense à nos camarades qui ne pourront pas nous accompagner ce soir pendant la veillée, qu'ils soient en mission, de service. Je n'oublie pas ceux qui - ils sont rares et honte à eux - ont une nouvelle fois cherché et trouvé un prétexte pour s'absenter, faisant porter leur lâcheté sur les épaules de leurs camarades. Je m'occuperai d'eux. Je pense enfin à ceux qui passent leur dernier Camerone sous les Armes.

Je vous souhaite de passer un bon Camerone.

Ici que tout commence.

Omnes hic incipit.