Mots du chef de corps
Officiers, sous-officiers caporaux-chefs, caporaux, clairons et légionnaires du groupement de recrutement de la Légion étrangère,Il y a six mois, quand j’ai pris votre tête, nous avons profité des ardeurs estivales pour nous élancer d’un seul homme et continuer à remplir la mission du groupement, partout où il nous était donné de bâtir la Légion d’aujourd’hui et de demain, à la manière de nos anciens.
Il y a six mois, je vous ai ordonné d’avancer au large – duc in altum – non seulement pour conquérir le cœur des candidats étrangers et français dont la Légion a besoin, mais aussi pour porter haut ses couleurs et ses vertus, notamment vers la jeunesse de France. Vous avez dépassé les objectifs que je vous ai donnés, et je vous en suis très reconnaissant. Au Fort de Nogent, à Aubagne, dans vos postes d’information, dans les bureaux d’information et de recrutement, dans les départements de France et de Navarre, outre-mer et dans les champs informationnels vous avez recruté, rayonné et soutenu les actions de la Légion, sans relâche. Certains candidats sont arrivés d’eux-mêmes, portés par la soif d’aventure, l’instinct de survie, le besoin, les crises ou encore la foi dans la promesse d’une deuxième chance. Pourtant, d’autres sont arrivés uniquement grâce à vous, grâce à vos efforts. Soyez-en remerciés. Chacun à votre place, vous avez fait tourner le groupement, qui aujourd’hui encore se déploie en soutien des familles de nos camarades du 5e RE, sans compter. C’est un bien joli signe en cette veillée de Noël.
Noël. D’ailleurs, que nous dit cette fête que certains voudraient gommer ou travestir ? Quel est son enseignement ? Que devons-nous y trouver ?
Je crois que nous sommes un peu comme ces bergers qui vinrent se rassembler un soir d’hiver, avec leur troupeau, à la porte d’une étable, où une famille venait de trouver asile pour la nuit, avec un nouveau-né. Ces bergers n’étaient pas meilleurs que nous. Ils ne valaient pas moins que nous. Ils n’étaient pas plus croyants ou mécréants que nous. Pourtant, ils s’émerveillèrent de l’humble beauté d’une famille rassemblée dans le dénuement le plus complet. On dit chez moi que le bon Dieu les a choisis pour commencer son règne.
Je crois aussi que nous sommes un peu comme ces rois mages venus de l’Orient et du Couchant, venus du Septentrion et du Midi, pour saluer celui que des prophéties avaient désignées pour être le Sauveur, en lui offrant l’or des rois, l’encens des dieux et la myrrhe de nos cités charnelles. Ces mages étaient sûrement plus riches, plus puissants et plus sages que nous. Pourtant, ils abandonnèrent leurs biens et leurs proches pour marcher vers quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes.
Mages et bergers, voilà ce que nous sommes, unis comme des frères, marchant comme des hommes libres sur la piste exigeante et magnifique que la Légion étrangère nous a commandé d’emprunter et de continuer à tracer. Je crois que quelle que soit notre race, notre nationalité, notre religion, nous sommes capables, ce soir, de suivre l’étoile du Nord – l’étoile du Berger, de marcher ensemble vers ce mystère, de nous y arrêter, de faire halte et de poser nos fardeaux quotidiens pour célébrer ensemble - en famille - ce qui nous rassemble : la fraternité d’armes, celle qui nous invite à prendre soin les uns des autres, en temps de paix comme au combat. C’est notre mission ce soir, et elle est sacrée. Prenons le temps d’exprimer cette solidarité étroite qui doit unir les membres d’une même famille.
J’ai d’ailleurs évidemment une pensée particulière pour nos familles que je salue avec beaucoup de considération, pour ne pas dire beaucoup d’affection. Je pense à nos parents qu’il nous faut toujours honorer. Je pense à nos femmes à qui nous devons tant et que nous devons aimer et choyer. Je pense à nos enfants que nous devons protéger, chérir et élever. Je pense à nos foyers qu’il nous faut défendre. Que vos familles soient proches ou lointaines, je leur souhaite un beau et joyeux Noël. Je veux encore saluer les familles qui se sont réjouies cette année après mariage et naissance. Je veux enfin dire notre soutien à celles et ceux qui sont dans l’épreuve et notre sympathie à celles et ceux qui ont perdu un être cher et aimé.
Je pense aussi à nos camarades qui ne pourront pas nous accompagner ce soir pendant la veillée, qu’ils soient en mission, de service ou encore retenus par la maladie ou les difficultés de la vie.
Je sais enfin que certains parmi nous passent leur dernier Noël dans nos rangs et je veux simplement leur souhaiter tout particulièrement de vivre ce moment avec intensité. Sachons aussi les entourer.
Je nous souhaite de passer une beau Noël. Je nous souhaite de passer ensemble un moment privilégié et joyeux qui renforcera nos liens et nous permettra de nous ressourcer, de reprendre des forces avant de reprendre la route en 2025.
Hauts les cœurs ! Réjouissons-nous, c’est Noël : ici tout commence.
Omnes hic incipit.