Un instructeur étranger à l’école d’état-major de Saumur : le CNE Patrick témoigne de son expérience

Direction : DRHAT / Publié le : 06 février 2025

Le capitaine Patrick du Gabon, est le premier instructeur étranger à avoir rejoint l’école d’état-major de Saumur. Son arrivée s’inscrit dans le partenariat entretenu par l’armée de Terre avec des pays partenaires africains. 

CNE Patrick - instructeur étranger © armée de Terre / Défense

De la même façon que l’armée de Terre affecte des officiers au sein d’écoles militaires africaines, il a été proposé à ses partenaires d’affecter des officiers au sein d’écoles françaises. Ceci s’est d’abord traduit par l’affectation d’officiers africains dans l’encadrement de compagnies d’élèves à l’AMSCC pour aujourd’hui s’ouvrir à l’EEM. L’arrivée du CNE Patrick devrait bientôt être suivie de celle d’un officier camerounais. Le capitaine gabonais, en poste pour un an, a accepté de répondre à nos questions.

Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter cette mission ?

C’est d’abord une décision de mon commandement à laquelle j’ai immédiatement donné mon accord. Être choisi pour cette mission est une véritable marque de confiance. J’étais heureux que le commandement pense à moi, car cette opportunité me permet de renforcer mes compétences tout en apportant une expérience nouvelle et enrichissante.

Quel est votre rôle au sein de l’EEM ?

Je travaille au sein de la cellule tactique du bureau études et opérations. Mon rôle est d’assister les instructeurs en mettant à jour les cours et en prenant le relais pour certaines instructions, comme je l’ai fait par exemple pour l’ERAT.

Quels sont vos ressentis après trois mois passés à Saumur ?

L’accueil a été exceptionnel, presque familial. Dès mon arrivée, je me suis senti comme si je connaissais le personnel depuis des années. Cette bienveillance et cette entente sont incroyables. En retour, je m’investis pleinement pour contribuer à la réussite de l’école.

J’ai aussi eu l’occasion d’expliquer la culture de mon pays à certains de mes camarades, afin qu’ils découvrent le Gabon sous un autre angle, même sans y avoir mis les pieds.

CNE Patrick - instructeur étranger © armée de Terre / Défense

Quelles différences avez-vous remarquées entre l’armée gabonaise et l’armée française ?

Les bases sont très similaires. Cependant, une différence notable réside dans l’utilisation de la MEDOT[i] (nous utilisons une MEDOT plus ancienne au Gabon). Cette mise à jour des méthodes est un exemple concret de ce que je peux apporter à mon retour.

Une autre différence concerne les relations humaines. Ici, les chefs sont très proches de leurs subalternes, ce qui permet un échange riche et une meilleure transmission du savoir. Chez nous, ce lien est moins développé, mais je pense qu’il est indispensable et je souhaite l’encourager dans mon armée.

En quoi cette expérience vous sera-t-elle utile au Gabon ?

Voir les moyens déployés ici lors d’exercices comme le CAX (Computer Assisted Exercise) avec le CSO (Centre de Simulation Opérationnel) est une source d’inspiration. Bien que nous n’ayons pas les mêmes financements ni le même matériel, cette approche peut être adaptée à nos réalités.

J’aimerais également intégrer davantage les anciens combattants dans nos cérémonies militaires, comme cela se fait ici. Au Gabon, une fois que l’on quitte l’armée, le lien est pratiquement rompu. Ici, j’ai découvert l’importance des réservistes et du lien avec les anciens combattants. Ce système est essentiel.

Conseillez-vous à vos compatriotes de suivre votre exemple ?

Absolument. Cette expérience est extrêmement enrichissante et ne doit pas s’arrêter avec moi. D’autres officiers doivent me succéder pour apporter leur propre perspective et continuer à renforcer les échanges entre nos deux pays. C’est une opportunité unique pour apprendre, enseigner et partager.

Retour sur une carrière

  • Engagement dans l’armée gabonaise en 2006 comme 2e classe
  • En 2007, intégration à l’École Nationale des Sous-Officiers d’Active (ENSOA) au Gabon
  • En 2010, intégration à l’École Militaire Interarmes (EMIA). 
  • Instructeur du contingent 2012 des forces armées gabonaises au centre d’instruction de Mouila. 
  • Division d’application infanterie en Chine de 2013 à 2014. 
  • Mission en république Centrafrique (ONU) en tant que CDU adjoint, puis CDU par intérim.
  • En 2016, Cours de Formation de Commandant d’Unité (CFCU) au Sénégal en 2017. 
  • De 2019 à 2021, chef de détachement lors d’une mission (ONU) de 18 mois en Centrafrique.
  • En 2023, diplômé d’état-major et affectation à l’école d’état-major de Libreville comme instructeur assistant ;
  • Depuis août 2024, affectation à l’école d’état-major de Saumur pour un an.
     

[i] Méthode d’élaboration d’une décision opérationnelle tactique


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