Journée d'études : des Hussards aux drones
Journée d'études : des Hussards aux drones - © AMSCC

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Des hussards aux drones : renseigner sur le champ de bataille depuis la Grande Guerre

Le 12 juin 2025 Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, amphithéâtre Foch

Le Centre de recherche de l'Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan organisent une journée d'étude le 12 juin 2025 dans l'amphithéâtre Foch à Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan.

 Le renseignement, [...] grand gagnant des arbitrages du projet de loi de programmation » : le titre d’un grand quotidien du soir, au printemps 2023, alors qu’une nouvelle LPM était en discussion, dit bien l’importance prise par cette fonction « renseignement » dans l’orientation de la politique extérieure de la France de manière globale, plus encore dans la mise en œuvre de sa politique de défense. Les arbitrages faits alors témoignent aussi, au moins indirectement, de la progressive structuration de cette fonction depuis 150 ans, de la formalisation de ses méthodes, de la professionnalisation de ses personnels, notamment en matière de renseignement militaire. 

   Le chemin parcouru depuis 1914 semble énorme en effet. La perspective d’une guerre courte exigeait alors « des chefs sachant prendre une décision rapide sans perdre de temps à attendre des renseignements trop précis qui risqueraient d’arriver trop tard pour que le chef ait l’initiative de l’action et ne subisse celle de l’adversaire », ainsi que le note un officier en 1919. En l’espace de quelques mois pourtant, dès fin 1914-début 1915, le renseignement aérien prend des dimensions insoupçonnées, les écoutes de la télégraphie sans fil (radio) mais aussi de la « téléphonie par le sol » se développent, ouvrant la voie au renseignement d’origine électromagnétique (ROEM). Si, du fait du basculement dans une guerre de tranchées, statique, la cavalerie perd rapidement les missions de reconnaissance qui avaient été les siennes depuis 3 ou 400 ans, artilleurs et fantassins accaparent désormais la recherche des informations sur l’ennemi : service de renseignement de l’artillerie au niveau de chaque corps d’armée, service de repérage par le son à celui de chaque armée, mais aussi officier de renseignement dans  chaque régiment, en charge notamment de l’interrogation des prisonniers, deviennent la norme, permettant aux chefs des différents échelons de mieux percevoir ce qu’il y a de « l’autre côté de la colline ». Ces évolutions dénotent un changement non seulement d’échelle, mais aussi de nature du renseignement, et de la place qu’on entend lui donner dans les opérations en vue de tenter de dissiper le « brouillard de la guerre ». 

   Certes, les missions de découverte, de reconnaissance, d’exploration en vue d’appréhender le dispositif ennemi ne datent pas de la Grande Guerre et, pour une part, les actions des cavaliers de l’été 1914 – ou de l’automne 1918 – n’apparaissent pas fondamentalement différentes de celles des hussards ou des chasseurs à cheval des armées napoléoniennes. Il n’en reste pas moins qu’entre 1914 et 1918, la transformation des rouages du renseignement militaire apparaît si profonde qu’ils semblent avoir été créés de toutes pièces au cours des années de guerre, sous la contrainte des opérations. Des adaptations, des transformations que l’on observerait aussi sans doute durant la Seconde Guerre mondiale, durant les guerres de décolonisation, ou suite aux RETEX des conflits post-Guerre froide : la création en 1992 de la Direction du renseignement militaire (DRM), au lendemain de la guerre du Golfe et des enseignements qui en ont découlé sur les lacunes françaises en ce domaine, le montre largement. Plus récemment, l’informatisation, la multiplication et la diversification des capteurs, notamment des drones, plus encore peut-être la connectivité croissante entre ces capteurs et les centres de commandement ont conduit à s’interroger sur une hypothétique « transparence du champ de bataille », que la guerre en Ukraine semble illustrer à l’envi depuis février 2022.  

   C’est donc à la compréhension de ces évolutions, à la fois rapides et profondes, que cette journée souhaiterait se consacrer, en se focalisant plus particulièrement sur le renseignement militaire – opérationnel pourrait-on dire –, au plus près du terrain, celui qui bénéficie aux combattants. Plusieurs raisons expliquent ce choix. La première tient au fait que ce domaine est sans doute le plus largement délaissé par la recherche universitaire. Si, depuis une vingtaine d’années, les études sur le renseignement ont pris une importance nouvelle en France, permettant de combler une partie du retard sur le monde anglo-saxon, les travaux sur cette dimension strictement opérationnelle sont bien plus rares. Or, seconde raison, ce niveau d’analyse permet, aux côtés de ceux qui le collectent, l’analysent et, au final, le produisent, de saisir en action(s) le cycle du renseignement.   

   En inscrivant nos réflexions dans une perspective diachronique, celle de la longue durée des conflits qui se sont succédés depuis le début du xxe siècle, en combinant, à différentes échelles, études historiques et RETEX d’officiers ayant servi en opérations au cours des 20 dernières années, il s’agira aussi de contribuer au renouvellement en cours de certaines des problématiques de l’histoire militaire.  

 

Organisation :

Yann Lagadec, MCF en histoire (yann.lagadec@st-cyr.terre-net.defense.gouv.fr)

LTN Robin Marteau, instructeur en histoire militaire (robin.marteau@st-cyr.terre-net.defense.gouv.fr )

LTN Elie Couellan, instructeur en histoire militaire (elie.couellan@st-cyr.terre-net.defense.gouv.fr

 

Inscription/informations : 

    je.rens.crec@gmail.com

 

Les personnes intéressées qui ne pourraient pas se rendre le 12 juin à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan pourront suivre cette journée en visio-conférence.

Programme

Chaque communication durera 30 minutes et sera suivie de 10 minutes de questions.

  • 9h15 : café d’accueil 
  • 9h30 : ouverture de la matinée par M. Frédéric Dessberg, chef du pôle Sciences humaines et sociales du CReC, président de séance
  • 9h45 : Yann Lagadec (AMSCC), « En guise d’introduction : Renseigner sur le champ de bataille ? Aux origines d’une question »
  • 10h15 : Jean-Charles Foucrier (SHD), « Quantifier, cibler, manipuler : Battle Damage Assessment sur la France, printemps 1944 »
  • 10h55 : LTN Robin Marteau (AMSCC), « Informatiser le renseignement pour neutraliser une insurrection : l'armée britannique face aux groupes paramilitaires nord-irlandais au début des Troubles (1969-1975) »
  • 11h45 : Walter Bruyère-Ostells (IEP d’Aix), « Renseigner en appui à des opérations militaires de stabilisation : la zone transfrontalière RCA/Tchad (2006-2008) » 

 

  • 12h30 : Pause déjeuner

 

  • 14h15 : CDT Thierry (ERAT, Saumur), « Renseigner sur le champ de bataille ukrainien : quels RETEX des ZSU ? » 
  • 15h00 : COL Bertrand Boyer (CIAE, Lyon), « Renseigner sur le champ de bataille cyber »
  • 15h45 : COL Mathieu Juttet (AMSCC), « La manœuvre renseignement du GTIA et de la BIA »

 

  • 16h30 : Conclusion de la journée