mahtilde gautier
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Mathilde Gautier

Triathlète - 40ème régiment de transmissions

Mathilde Gautier triathlète professionnelle, engagée au sein du 40e régiment de transmissions. Elle se prépare pour la qualification des JO 2024.

Interview

  • Question 1 : quelles valeurs véhiculées par le sport avez-vous retrouvées dans l’armée ?

    J’ai retrouvé au sein de l’armée les valeurs d’unité et de camaraderie. La fraternité est également une valeur importante, comme une sorte de famille. On retrouve aussi les valeurs de dépassement de soi ainsi qu’un profond respect. Toutes ces valeurs sont pour moi commune au sein de l’armée et au sein du sport.  
     

  • Question 2 : pourquoi avoir signé avec l’armée et un régiment de Transmissions et comment se matérialise le soutien que vous apporte l’armée dans votre vie professionnelle ?

    C’est une opportunité de vie qui s’est présentée à moi. J’étais à un tournant de ma carrière. Je travaillais de mon côté en tant qu’entraineur et mes résultats commençaient à monter. J’avais besoin de plus de temps pour évoluer à plus haut niveau et j’avais en ligne de mire l’objectif des jeux olympiques. Le destin a donc bien fait les choses.

    Je n’avais pas la chance d’être intégrée au sein du CNSD et finalement on m’a fait confiance au sein de l’armée d’une autre manière. Je n’ai pas forcément choisi le 40e régiment de transmissions, mais mon grand-père était dans les transmissions et était parachutiste donc j’étais contente de poursuivre cette histoire familiale. C’est le 40e RT qui m’a contactée et j’ai dit oui tout de suite. De plus je pensais à l’après carrière car c’est également une belle opportunité et donc pourquoi pas continuer dans l’armée ensuite. Aujourd’hui je suis fière de leur rapporter cette médaille d’or des championnats du monde militaire.

    Le soutien est tout d’abord un soutien financier. Je bénéficie d’un détachement pour pouvoir pratiquer à haut niveau et représenter le régiment sur les plus grandes compétitions, civiles comme militaires. La contrepartie c’est d’être la meilleure possible et avoir des obligations de résultats.
     

  • Question 3 : quel regard portez-vous sur l’entrainement physique et sportif des militaires ? Se rapproche-t-il de la préparation physique d’un athlète de haut niveau comme vous ou bien est-ce complètement différent ?

    C’est vrai que j’ai été impressionnée par ce que j’ai observé durant mes classes malgré qu’elles aient été aménagées (5 semaines au lieu de 3 mois) car on observait les autres faire. On était exempté de beaucoup de choses en dehors des cours. J’ai vu ce qu’ils pouvaient s’infliger comme les marches nocturnes dans le froid, les combats … Je ne me sentais pas capable de faire tout ça. Ils étaient motivés et si disciplinés. Leur capacité à accepter tant de choses si dures et physiques, cela m’a vraiment impressionnée. Pour moi, cela permet à des personnes d’avoir une condition physique, surtout pour ceux qui se sont engagés en n’étant pas habitués à faire du sport. Un des professeurs de sport de l’armée que j’ai accompagné m’a montré ses plans d’entrainement pour les militaires ; c’était très construit et bien fait. En tant que coach ça m’a beaucoup servi également. On observe qu’il y a toujours un plus derrière chaque activité pratiquée. A la fin de ces trois mois, je pense qu’ils en ressortent très grandis. Je suis impressionnée et admirative des militaires que j’ai côtoyés.

    De notre côté, on avait de la chance, on était dans une section de triathlètes. On nous a préservé et nous n’avons eu qu’une petite marche, un terrain mais allégé. Nous étions dans le confort par rapport aux autres, mais c’est vraiment une belle école de la vie.
     

  • Question 4 : quels sont les obstacles que peut rencontrer une femme dans le monde du sport ?

    Un des principaux obstacles, c’est la différence de salaire entre les sportifs de haut niveau. Les clubs payent moins chers les athlètes féminines que les hommes. La parité commence à arriver, mais les cash prize (somme remportée après une victoire ou un bon classement lors d’un tournois) restent parfois différents entre hommes et femmes. Je trouve ça aberrant. Je trouve également que la femme a besoin de plus se sexualiser pour avoir des sponsors ; on est plus intéressé par ce que tu es physiquement que vraiment ce que tu fais dans le sport et cela à tous les niveaux et dans tous les sports. Malgré tout ça le triathlon est quand même assez équitable et beaucoup de choses sont faites au sein de la fédération française notamment. Il reste cependant des progrès à faire encore, dans le sport comme dans le monde du travail.
     

  • Question 5 : dernièrement vous avez remporté les championnats du monde militaire puis les championnats d’Europe de Sprint. C’est de très bon augure pour l’année olympique à venir. De quoi rêver d’une médaille à Paris ?

    Concrètement, pour pouvoir être qualifiée aux Jeux Olympiques de Paris, il faut que je sois dans le top 30 mondial. Actuellement je suis 40mondial. Mon objectif est d’être dans ce top 30 à la fin de la saison (fin octobre 2023). Il reste trois coupes du monde, à Tanger, Rome et au Japon. Je dois être la meilleure possible et être dans le top 8 à chaque fois pour me rapprocher de ce top 30. La France est un pays très fort donc les places sont chères et nous n’avons que 3 places, pour 5 filles qui prétendent à ces places. Même si j’intègre le top 30, je ne suis pas garantie d’être sélectionnée. Je dois attendre juin 2024 pour savoir si je suis qualifiée pour les JO de Paris, même si on a déjà une idée avant cette date.  

     

Pouvez-vous nous donner 3 adjectifs qui vous décrivent ?

Interview Mathilde Gautier -